Explosion du prix des voitures neuves au Québec: sociologie d’une inaccessibilité croissante
Claude Gélinas
15 septembre 2025
Depuis 2019, le prix moyen des 10 principaux modèles de véhicules en vogue au Québec a augmenté de façon spectaculaire, avec des hausses individuelles dépassant fréquemment 60%.
En 2025, cette augmentation rend l’accès à un véhicule neuf presque inabordable pour une majorité d’automobilistes de la classe moyenne.
Pour les plus pauvres, c’est encore pire.
Évolution des prix: 2019 à 2025
Voici la comparaison des prix de détail suggérés (PDSF) pour 10 des modèles les plus populaires entre 2019 et 2025, ainsi que le scandaleux pourcentage d’augmentation:
Modèle
Prix 2019 ($)
Prix 2025 ($)
% d’augmentation
Nissan Versa/Note
14 698
23 480
+59,8%
Hyundai Elantra
16 999
25 260
+48,7%
Nissan Sentra
16 598
26 580
+60,2%
Toyota Corolla
~18 000*
26 752
+48%*
Mazda3
~18 000*
27 913
+55%*
Honda Civic
~18 500*
29 793
+61%*
Volkswagen Jetta
~19 500*
28 360
+45%*
Subaru Impreza
~20 000*
30 257
+51%*
Kia Forte/K4
~17 000*
26 567
+56%*
Nissan Altima
~25 000*
34 660
+38%*
* Prix 2019 estimés d’après la gamme et les particularités généralement recherchées, car les modèles précis varient selon l’année.
Explications et contexte de la hausse
Inflation et coûts des intrants: L’augmentation du coût des matériaux, la crise mondiale des semi-conducteurs et la hausse des frais logistiques ont tous contribué à l’explosion des prix des véhicules.
Changements de gamme: Plusieurs modèles d’entrée de gamme ont disparu, ce qui fait grimper les prix de base disponibles sur le marché.
Taux d’intérêt et financement: L’envolée des taux d’intérêt complique davantage l’achat d’un véhicule à crédit ou en location, alors que le budget des ménages est durement touché par la hausse généralisée du coût de la vie.
Demande élevée/contenu technologique accru: Les consommateurs recherchent de plus en plus de sécurité, de connectivité et d’électrification, ce qui alourdit la facture même pour les modèles de base.
Pourquoi de plus en plus de Québécois ne peuvent plus se payer un véhicule
Le prix moyen d’un véhicule neuf au Québec est passé de 34 060 $ en 2019 à environ 64 215 $ en 2025, soit près d’un doublement en 6 ans.
La majorité des modèles dits abordables dépassent désormais les 25 000 à 30 000 $, sans compter les coûts d’assurance, d’immatriculation, d’entretien ou de carburant, qui eux aussi ont augmenté.
Résultat: Plusieurs ménages reportent ou abandonnent l’achat ou préfèrent conserver leur ancien véhicule beaucoup plus longtemps, ce qui affecte le marché des véhicules usagés et accentue la pression sur la mobilité au Québec.
Ainsi, l’accumulation de hausses de coûts et la disparition progressive des modèles économiques transforment l’automobile en objet de luxe, mettant de fait hors de portée de nombreux Québécois l’achat d’un véhicule neuf.
Il peut encore survenir des opportunités, comme un vieille tante qui offre une Toyota Camry légèrement utilisée à un neveu pour un prix fortement escompté mais ça demeure anecdotique, pour la majorité des automobilistes à la recherche d’un véhicule fiable et abordable.
Devenez un consommateur encore plus habile
Pour vous aider, dans ce contexte difficile, voici un guide détaillé pour affronter la toute nouvelle réalité du marché automobile québécois en 2025 et pour faire les meilleurs choix, malgré une inflation sans précédent.
L’objectif principal étant d’aider tout automobiliste québécois à trouver un véhicule fiable, tout en économisant au maximum, dans ce contexte où chaque dollar compte.
Comprendre le nouveau contexte
Le marché a été bouleversé par des hausses de prix dramatiques, une diminution de l’offre de modèles abordables et des taux d’intérêt élevés.
Le prix moyen d’un véhicule neuf atteint aujourd’hui plus de 64 000 $, alors que les modèles jugés « économiques » flirtent désormais avec les 25 000 $ à 30 000 $ pour l’entrée de gamme.
Comme on l’a vu plus haut, cette explosion résulte d’une combinaison de facteurs: crise des semi-conducteurs, hausse des coûts de production/logistique, disparition des sous-compactes, alourdissement du contenu technologique et forte inflation post-pandémique-COVID.
Pour un automobiliste, la première étape est d’accepter que l’achat d’une voiture neuve n’est plus une évidence mais un luxe.
De nombreux consommateurs choisissent maintenant de garder leur véhicule actuel plus longtemps, de recourir au marché de l’occasion ou, pour certains, de changer leur rapport à l’automobile en privilégiant l’autopartage ou la location.
Évaluer ses besoins de façon pragmatique
Avant même de consulter des annonces ou de visiter une concession, il est crucial de déterminer ses besoins réels:
Quelle taille de véhicule est requise (sous-compacte, compact, VUS compact, etc.) ?
Quels sont les déplacements habituels (ville, banlieue, longues distances) ?
Y a-t-il un intérêt pour l’hybride ou l’électrique – en fonction de l’autonomie, des subventions et du type de recharge disponible ?
Quel est le budget maximal, incluant non seulement l’achat, mais aussi le financement, l’entretien, le carburant, l’assurance et l’immatriculation ?
Le calcul du coût total de possession sur 5 ans (Total Cost of Ownership, TCO) est recommandé.
Des outils en ligne aident à comparer le coût d’acquisition, de financement, d’entretien et la valeur de revente estimée ; ils révèlent parfois que certaines voitures coûtent moins cher à long terme même si le prix d’achat initial est élevé.
Achat d’un véhicule neuf: conseils et astuces
Bien cibler le moment et le modèle:
Les fins de mois, les fins de trimestre, et la période de promotions (mars, octobre, fin d’année) offrent le plus d’opportunités de négociation.
Privilégier les versions de base, mais comparer l’ajout d’équipements avec la différence de coût.
Considérer les modèles hybrides pour réduire les coûts d’exploitation, ou viser les modèles fabriqués localement pour éviter les hausses tarifaires.
Négocier chaque composante:
Le prix d’achat: il n’est jamais gravé dans le marbre, surtout si le véhicule est en stock depuis longtemps.
Les taux de financement/location: comparer les offres et tenter de profiter des promotions constructeur.
Les garanties: ne pas se laisser tenter par des extensions coûteuses avant d’en évaluer la vraie utilité.
Se renseigner sur les subventions
Pour les véhicules électriques, surveiller le retour du programme « Roulez vert », qui accorde jusqu’à 4000 $ de crédit provincial – une bouffée d’oxygène pour le budget.
Achat d’un véhicule usagé: maximiser la fiabilité et l’économie
Rechercher un modèle fiable et éprouvé:
Les véhicules japonais (Toyota, Honda, Mazda) et sud-coréens (Hyundai, Kia) dominent souvent les palmarès de fiabilité et coût d’entretien modéré.
Consulter des guides indépendants comme celui de Protégez-Vous, RPM ou Le Guide de l’Auto: ces sources compilent la fiabilité, le coût d’entretien et la cote de revente pour chaque modèle.
Prioriser les véhicules ayant un historique limpide:
Exiger le rapport Carfax ou l’équivalent, qui détaille les accidents, entretiens, rappels et changements de propriétaire.
Préférer les véhicules certifiés « Pre-Owned », inspectés et garantis par les constructeurs.
Faire inspecter le véhicule par un mécanicien de confiance avant la transaction : c’est la clé pour éviter les mauvaises surprises.
Négocier le prix à partir des problèmes constatés ou des manques d’équipement:
Un dommage même mineur peut être évalué et servir de levier de négociation.
Faire un essai routier prolongé:
Refuser toute transaction sans avoir conduit le véhicule au moins 30 minutes dans différentes conditions.
Vérifier l’existence de garanties légales :
Au Québec, l’auto usagée vendue chez un commerçant bénéficie d’une garantie minimale (« garantie de bon fonctionnement » de plusieurs jours/km).
Alternatives à l’achat traditionnel: location, autopartage, mobilité
Devant les prix actuels, certains automobilistes optent pour:
La location longue durée (leasing), qui permet de lisser le coût mensuel, surtout en période de taux promotionnels.
L’autopartage (Communauto, Turo), pour se libérer des coûts fixes tout en gardant la possibilité de conduire sur demande : solution idéale pour ceux qui conduisent occasionnellement ou qui habitent en ville.
L’achat en groupe ou partage familial : plusieurs ménages s’organisent pour mutualiser l’investissement dans un véhicule fiable lorsque les deux besoins ne sont pas simultanés.
Astuces supplémentaires pour économiser
Élargir la recherche géographique: certains modèles vendus en région coûtent moins cher que dans les grands centres urbains.
Penser au timing et à la saison: acheter en hiver ou à la fin de l’année, quand la demande chute, peut donner accès à des rabais supplémentaires.
Consulter les avis clients et forums québécois (Reddit, Facebook, Protégez-Vous) pour les retours d’expérience et astuces locales.
Prendre en compte le coût d’assurance AVANT l’achat: les véhicules populaires, hybrides et électriques coûtent parfois moins cher à assurer que les modèles plus rares ou luxueux.
Préparer son financement auprès de sa banque ou d’une caisse populaire et comparer avec les offres des concessionnaires pour éviter des taux usuriers.
Bien conserver et entretenir son véhicule
Dans le contexte actuel, l’entretien et la conservation d’un véhicule déjà en main deviennent le meilleur moyen d’économiser:
Faire les entretiens préventifs recommandés, utiliser des pièces de qualité, et surveiller l’usure des éléments essentiels (freins, suspension, pneus).
Prolonger la durée de vie du véhicule par des soins réguliers est souvent plus rentable que de changer pour un modèle plus récent et plus cher.
Attendre patiemment les baisses de prix, les sorties de nouveaux modèles, et les retours de programmes d’aide – il vaut parfois mieux reporter l’achat que de surpayer dans un cycle de forte inflation.
Adapter ses choix à la nouvelle réalité
Le marché automobile québécois est devenu un secteur de luxe où la prudence, la préparation et la flexibilité sont des alliées incontournables.
L’essentiel pour les automobilistes aujourd’hui:
Évaluer le coût total de possession d’un véhicule en fonction de ses besoins réels.
Consulter des sources fiables et indépendantes pour évaluer la fiabilité et l’économie de chaque option.
Maximiser la négociation tout en protégeant ses droits et sa sécurité.
Être prêt à explorer les alternatives (usagé, location, autopartage).
Prendre le temps d’entretenir et de conserver son véhicule actuel tandis que le marché se stabilise.
Face à la flambée des prix, il est encore possible de trouver une voiture fiable sans compromettre ses finances, si l’on fait preuve de rigueur, de patience et d’adaptabilité.
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